COP28 : Pourquoi nous devons confirmer la sortie des combustibles fossiles

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Agir sur la sortie des énergies fossiles lors de la COP28 semble presque impossible. Pourtant, rien d'autre ne nous permettra de limiter la hausse des températures à un niveau supportable, affirme Katheline Schubert.

Réduire la COP28 au conflit d'intérêt évident de son président, Sultan Al Jaber, serait une erreur. Les précédentes COP ne se sont pas déroulées dans l'un des principaux pays producteurs de pétrole, et pourtant, peu d'avancées notables ont été enregistrées sur la question de l'élimination progressive des combustibles fossiles.

Les États et les compagnies pétrolières et gazières ont exercé une pression féroce pour ralentir cette sortie, et des campagnes de désinformation massives ont renforcé les opinions climato-sceptiques. Les pays consommateurs ont tardé à initier les transformations nécessaires.

Alors que des études scientifiques suggèrent de laisser dans le sol une part importante des réserves prouvées de combustibles fossiles pour avoir une chance de limiter l'augmentation de la température à 1,5 °C (Nature, 2021), le monde ne se dirige pas dans cette direction.

Le charbon en Asie :

Le sort du charbon (le plus grand émetteur de CO2 parmi les combustibles fossiles) est probablement déjà scellé aux États-Unis et en Europe. La production et la consommation se sont déplacées vers l'Asie, où se trouvent les trois plus grands producteurs de charbon : la Chine, l'Inde et l'Indonésie.

Investissements massifs dans les hydrocarbures :

En ce qui concerne le pétrole et le gaz, non seulement l'offre ne diminue pas, mais elle augmente. Presque toutes les entreprises du secteur des hydrocarbures continuent d'investir massivement dans l'exploration pour trouver de nouvelles réserves, au risque que ces réserves deviennent des actifs échoués - jamais exploités. Comment expliquer cette situation ?

Manque de confiance dans les politiques climatiques ambitieuses : Les entreprises et les États producteurs de pétrole ne croient pas que des politiques climatiques suffisamment ambitieuses seront mises en œuvre pour favoriser une transition énergétique. Ils misent sur une demande qui ne faiblira pas.

Paradoxe vert : anticipant des politiques climatiques ambitieuses, les compagnies pétrolières et gazières veulent extraire et vendre autant que possible avant qu'il ne soit trop tard.

Capture et stockage du carbone : Une explication de plus en plus plausible est que ces acteurs misent sur le captage et le stockage du carbone à la source ou directement dans l'air. Selon les scénarios du GIEC, cette option est nécessaire pour compenser les émissions impossibles à éliminer dans l'aviation et l'agriculture, notamment.

Ces stratégies ne sont pas l'apanage des membres de l'OPEP. Depuis 2017, les États-Unis sont le premier producteur mondial de pétrole et de gaz, et ils augmentent leur production. Le Royaume-Uni vient d'approuver de nouveaux forages en mer du Nord.

Résistance des populations :

Quant à la demande, elle ne diminue pas. Les politiques climatiques sont trop timides. La taxation du carbone au niveau approprié (environ 200 euros par tonne de CO2) se heurte à l'opposition des populations, et les gouvernements reculent dès qu'ils en ont l'occasion (le Royaume-Uni a reporté l'interdiction de la vente des voitures à moteur à combustion interne, l'Allemagne a retardé la fin des chaudières à gaz). Cependant, la politique climatique doit être prévisible et stable.

Confirmer la sortie des énergies fossiles lors de la COP28 semble presque impossible. Pourtant, toutes les parties prenantes le savent, rien d'autre ne nous permettra de limiter l'augmentation de la température à un niveau supportable.